L'établissement

Historique du lycée Le Castel

Historique du lycée Le Castel

Par David Poulet, publié le vendredi 25 septembre 2020 08:42 - Mis à jour le vendredi 25 septembre 2020 09:01
Si le lycée le Castel est connu de tous les Dijonnais, peu d’entre eux savent qu’il tient son nom du petit château qui demeure fièrement au sein du parc de l’établissement. Visible depuis la rue Dumont, cet édifice vieux de 300 ans possède pourtant une histoire très riche et intimement liée à l’histoire de la ville.
Sa construction s’effectue en 1707 (domaine acheté en 1705) à la demande d’une des familles les plus importantes de Dijon. Son premier propriétaire est Charles Legouz de Gerland, Maitre de la Garde Robe de la Dauphine (famille appelée aussi Legouz Morin d’où le nom de Castel Morin). Son architecte est un autre grand nom de Dijon : Martin de Noinville, élève de Mansart qui mit en œuvre les travaux du Palais des Etats (mairie actuelle), de la place Royale (place de la Libération). Nous lui devons aussi la percée de la rue de la Liberté et les façades de l’église Saint Etienne (bibliothèque municipale de Centre ville-La Nef) et de l’Hôpital Général. Ce petit château est conçu comme une « maison des champs » c'est-à-dire une maison de campagne bâtie à l’époque en dehors de la ville.
 
 
En 1733, la propriété est rachetée par une autre grande famille dijonnaise : celle du Trésorier Général des Etats de Bourgogne: Marc Antoine Chartraire de Montigny (nous appellerons alors le château : Castel Montigny). Durant une vingtaine d’années, le château et le domaine seront agrandis (2 ailes en retour en 1744), l’Ouche sera même déviée afin d’alimenter le parc. En 1750, se croyant ruiné, le propriétaire se suicide (à priori dans le château). Son fils de 3 ans, Marc Antoine reprend la charge de Trésorier Général. Son tuteur, le baron d’Ogny, utilisera la propriété comme un lieu de réunion et de fête pour l’élite intellectuelle et aristocratique dijonnaise (feu d’artifice en 1754 en l’honneur du Prince de Condé, le Gouverneur, Grande fête militaire en 1773…). Chartraire de Montigny est aussi connu comme mécène et Capitaine de la Compagnie des Arquebusiers dont il fait restaurer et embellir bâtiments et jardins. Il fut aussi Maire de Dijon entre 1790 et 1791 avant d’être emprisonné. Sur le plan géométral de Dijon (ou plan Mikel) effectué en 1759 par Mikel, ingénieur du Roi, nous pouvons très facilement identifier le Castel Montigny, ses jardins à la Française et l’alimentation de l’Ouche.
En 1793, la propriété est confisquée comme bien national et est revendue à Philippe Régneau, négociant qui transforme le château et ses dépendances en Brasserie. Mort en 1820, son fils, Edouard loue la propriété à des familles anglaises. En 1830, les jardins sont ouverts au public et deviennent une guinguette romantique, lieu de rassemblement d’écrivains, de journalistes et de politiciens libéraux.
En 1843, Alexandre Bonikausen, le père de Gustave Eiffel, s’associe à Edouard Régneau. Le premier s’occupera de l’administration pendant que le second prendra en charge la production. Gustave Eiffel, né à proximité sur le port du Canal en 1832 passera quelques années de son adolescence dans ce château. Il épousera d’ailleurs la petite fille de M. Régneau : Geneviève Gaudelet.
Régneau meurt en 1874, sa fille Jeanne Marie Célestine dite Veuve Robin agrandit considérablement son domaine et transforme le parc en jardin à l’anglaise. Le château est alors loué à l’armée. Il devient l’Hôtel de la Subdivision Militaire commandée par le Général Galliffet. Cette date correspond à la mise en avant de Dijon comme place forte militaire (suite à la défaite de 1870) la ville devient centre de commandement, 8 forts (type Séré de Rivières) sont construits autour de Dijon (Hauteville, Mont Afrique, Motte Giron, Varois, Saint Apollinaire, Asnières, Beauregard et Sennecey) sans compter les casernes, entrepôts, poudrières et l’Arsenal le long du Canal.
Durant la seconde guerre mondiale, le château sera successivement occupé par les Allemands, la Résistance, l’armée américaine puis par des réfugiés. Au sortir de la guerre, la propriété est confiée à la municipalité qui la laissera à l’abandon durant une quinzaine d’années. C’est en 1960-62 après avoir hésité avec le Carroussel (actuelle piscine du Parc), que sera construit le Lycée actuel.
 
 
Le petit château sert aujourd’hui de « hall d’entrée » donnant accès à l’Ecole Hôtelière du Lycée. Depuis 1971, ses façades et ses toitures sont inscrites aux Monuments Historiques et ont d’ailleurs bénéficié d’une superbe restauration.
Perdu au milieu des 16 hectares du lycée, cet édifice et le parc qui l’entoure mérite d’être davantage connu, pour sa beauté italienne, pour son histoire et pour le sens et la fierté qu’il donne à l’ensemble du lycée, de son personnel et des milliers d’élèves qui l’ont fréquenté ou qui seront amenés à y poursuivre des études.
 

 

 

Gérald Contini